L’Histoire des Français Juifs

La présence des juifs en Europe occidentale est attestée dès l’Antiquité, mais peu de documents archéologiques ou de monuments en témoignent encore. La récente découverte de la synagogue de Saranda en Albanie, aux mosaïques remarquablement conservées, ou celle du vaste bain rituel de Syracuse – aujourd’hui préservé et visitable dans les sous-sols de l’hôtel Alla Giudecca -, constituent des avancées importantes.

Synagogue-Complex-Saranda

11783_vasche_mikvah_siracusa

En France, des noms de villes et des rues gardent la mémoire d’une présence juive dans de nombreuses villes au Moyen-Âge : Baigneux-les-Juifs, rues de la Juiverie, rues aux Juifs, rues de la synagogue, etc. Pourtant, cette mémoire des toponymes ne se traduit pas par une connaissance partagée du destin des communautés juives : expulsions successives de 1182, 1306 et 1394, maintien d’un siècle de présence juive dans le comté de Provence jusqu’en 1501, persistance d’une communauté dans le comtat Venaissin, renaissance de communautés « portugaises » à Bayonne et Bordeaux au XVIe siècle.

Si des populations juives vivent en Provence depuis au moins le Ier siècle de notre ère, il faut attendre le XIIIe siècle pour obtenir une idée précise de leur situation dans le Comtat grâce à l’enquête sur les biens d’Alphonse de Poitiers qui révèle la présence des juifs dans plusieurs localités. Plus tard, les communautés vont se développer et se stabiliser grâce à l’afflux d’immigrés provenant essentiellement de France, dès le début du XIVe, puis dans une moindre mesure d’Espagne et de l’ancienne Provence angevine, à l’extrême fin du XVe siècle. Le Comtat devient alors l’ultime refuge à l’ouest des Alpes, spécificité qui perdure jusqu’à la Révolution. Au début du XVe siècle la condition des juifs pontificaux est assez précaire et progressivement on voit apparaître la délimitation précise de l’habitat juif groupé autour de la rue de la Juiverie désignée comme la carrière des Juifs. Dès lors, ce terme de carriera, rue en provençal, va désigner le quartier juif et la communauté qui l’habite. Plusieurs études archéologiques récentes renouvellent notre perception de ces quartiers juifs dans différents domaines : topographie, équipements rituels, habitats, etc.

Lampe à huile avec une double Menorah datant du Ier siècle avant Jésus Christ découverte dans le Vaucluse

lampe à huile menorah premier siècle avant jésus christ cavaillon france

Quartier juif médiéval de Trets dans les Bouches-du-Rhône

synagogue trets

Cette étude archéologique du quartier juif médiéval de Trets dans les Bouches-du-Rhône est réalisée en amont d’un projet de restauration des bâtiments, et en préalable à une étude plus approfondie. Elle tentera de caractériser le bâti et son évolution, du Moyen Âge à l’Epoque moderne, avant et pendant la constitution du quartier juif puis après l’expulsion des juifs de Provence à la fin du XVe siècle. Elle s’attachera à localiser le lieu de culte et les autres éléments communautaires (bain, boucherie, boulangerie) qui témoigneront matériellement de l’implantation et des modes de vie de la communauté juive à Trets. Cette implantation est connue jusqu’ici uniquement par les textes. Si l’identification de l’actuelle rue Paul-Bert à la carriera judaica médiévale ne fait guère de doute, la localisation de la synagogue dans une maison patricienne du XIIIe siècle ne repose que sur la tradition locale, bien que cette hypothèse soit effectivement plausible en raison de la grande dimension des espaces dont seule dispose cette maison.

Juiverie de Saint-Paul-Trois-Châteaux dans la Drôme

arche sainte

Saint-Paul-Trois-Châteaux est une ville du sud du département de la Drôme dans la moyenne vallée du Rhône. La présence de juifs y est attestée dès le XIIIe siècle. La communauté semble s’épanouir au XIVe siècle notamment après leur expulsion du royaume de France en 1394. Elle est toujours présente après le traité de pariage de 1409 entre l’évêque et le Dauphin, et quelques familles sont encore mentionnées à la fi n du XVe siècle. Située au coeur de la ville médiévale entre le quartier canonial, la cathédrale romane et le palais épiscopal, la juiverie est encore identifiée par le nom d’une rue donnant sur la place du marché. Au XIIIe siècle, une tour Judeorum est mentionnée dans un acte de vente. Il faut attendre le XVIIe siècle pour que Boyer de Sainte-Marthe, fasse une succincte description du quartier : «Dans la cité de Saint-Paul il y avait une Juiverie qui a subsisté longtemps après, et l’on voit encore aujourd’hui dans une maison bourgeoise une muraille de l’ancienne synagogue dans laquelle il y a une niche à la gothique très proprement travaillée, où l’on tenait la Sainte Bible, que le vulgaire appelle le Texte, ou la Loi de Moïse…» Il s’agit d’une arche sainte hébraïque, datée de 1445, conservée dans les collections du musée d’Archéologie tricastine et actuellement présentée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme jusqu’en 2011.
Depuis une vingtaine d’années, la commune de Saint-Paul-Trois-Châteaux s’est portée acquéreur d’une grande partie de cet îlot d’habitation en vue d’une réhabilitation intégrant la valorisation d’une maison datée du XVe siècle et la remise en place de l’arche sainte.

Le développement de l’archéologie urbaine, en particulier dans le contexte préventif, a permis la découverte, parfois imprévue, et la fouille de nombreux édifices cultuels, situés au coeur des villes médiévales. Parmi ceux-ci, les bains rituels, profondément enfouis pour capter les nappes phréatiques, et donc relativement bien préservés par les constructions ultérieures, sont nombreux.

L’ensemble synagogal de Montpellier dans l’Hérault

mikveh montpellierplans synagogue et mikveh

Un colloque sur le patrimoine juif européen s’était déroulé au musée d’art et d’histoire du Judaïsme en 1999. Dans les actes publiés en 2002 par Max Polonovski, deux communications traitaient du dossier montpelliérain, et plus précisément de la synagogue médiévale, l’une abordant les données historiques, l’autre les analyses architecturales et les hypothèses de restitution. Après le classement obtenu au titre des monuments historiques de la totalité de l’immeuble où subsistent le mikvé restauré depuis 1985, et la synagogue en instance de reconstitution de ses parties éparses, qu’en est-il dix ans plus tard ? Il convient de faire le point sur la dernière campagne de fouilles effectuée autour de la synagogue (hiver-printemps 2009), ses résultats, les questions soulevées et les travaux à conduire. Par ailleurs, la présentation de sept vitrines didactiques au rez-de-chaussée du bâtiment étudié, démontre la volonté de la ville de diffuser et de valoriser la connaissance des riches heures médiévales du passé juif montpelliérain.

Ancien ghetto juif à Metz en Moselle

synagogue metz

Une fouille préventive menée par l’Inrap en 2003 à l’occasion des travaux d’extension du Home israélite (41, rue Elie Bloch), à proximité immédiate de la synagogue, a révélé des vestiges témoignant de la vie quotidienne dans l’ancien ghetto de Metz sous l’ancien régime. Appelées par le pouvoir royal en 1567 pour l’approvisionnement des armées, peu après la conquête de la ville par la France en 1552, les premières familles juives sont assignées à résidence dès 1614 dans deux rues exiguës et malcommodes, loties au bas Moyen Âge, après une première occupation dès l’époque gallo-romaine, qui accueilleront jusqu’à 2 500 juifs au début du XVIIIe siècle. Totalement détruit dans les années 1930, ce quartier surpeuplé – qui se distinguait du reste de la ville par une saturation extrême des parcelles et un exhaussement de l’ensemble du bâti – n’est plus connu aujourd’hui que par diverses sources archivistiques que cette première découverte archéologique vient richement compléter. Si l’identification d’un bain rituel dans une des caves reste incertaine dans cette phase post-fouille, compte tenu des informations disponibles, l’abondance et la qualité de la vaisselle retrouvée dans des latrines, dont un exceptionnel ensemble marqué d’inscriptions hébraïques distinguant repas lactés et carnés (2e moitié XVIIe– 1re moitié XIXe), témoignent du mode de vie des plus riches de ces familles, originaires d’Allemagne, en lien étroit avec les grands centres économiques de l’Europe du Nord.

Synagogue médiévale à Lagny-sur-Marne en Seine-et-Marne

lagny

À l’occasion de la construction d’un ensemble résidentiel sur un terrain situé à proximité de l’ancienne abbaye Saint-Pierre à Lagny-sur-Marne (Seine-et- Marne), une surveillance de travaux puis une évaluation archéologique ont permis la mise au jour en 1999 et 2000 d’un vaste ensemble gothique construit au cours du deuxième quart du XIIIe siècle. Établis sur une pente, ces bâtiments précocement détruits au XIVe siècle ont toutefois conservé une part importante de leurs élévations permettant ainsi une analyse précise de leur organisation. Les dispositifs identifiés comprennent une grande salle rectangulaire (18 m x 6 m) et une annexe réduite en contact avec la salle principale, mais sans communication directe entre les deux. Ils ne peuvent coïncider avec ceux d’éventuelles constructions associées à l’abbaye ou à ses annexes. En revanche, le plan de cet ensemble suggère une proximité avec les quelques groupes synagogaux gothiques conservés ou connus en Europe (Spire, Prague, Cracovie, Ratisbonne). Ces parallèles, en dépit du silence des sources historiques concernant Lagny, semblent conforter l’interprétation d’une synagogue et d’une de ses annexes (son probable mikvé?) implantées au cours de la première moitié du XIIIe siècle, puis totalement détruites et occultées dès le siècle suivant.

Ecole talmudique à Orléans dans le Loiret

rue de bourgogne

En 1997, une fouille menée au coeur d’Orléans a permis l’étude d’un dépôt stratigraphique de 8 mètres d’épaisseur qui témoigne d’une utilisation privilégiée de l’espace depuis le Ier siècle avant notre ère jusqu’au XIIIe siècle. Les dernières observations archéologiques réalisées dans ce secteur en 1741 avaient mis en évidence des éléments appartenant au centre monumental de la ville gallo-romaine. Ce centre, qui pourrait tirer son origine d’un lieu de rassemblement gaulois, est à l’origine de la cathédrale actuelle. Dans le secteur fouillé les bâtiments romains sont désertés dans le courant du Ve siècle. Un regain d’activité intervient dans la seconde moitié du VIIe ou la première du VIIIe siècle. Il s’agit très certainement des restes des chantiers de construction de l’abbaye Sancta Maria Puellaris, mentionnée pour la première fois en 800 et située en face de la fouille. Un bâtiment de caractère monumental, est construit à la fin du VIIIe ou au début du IXe siècle. Il pourrait appartenir à l’abbaye voisine renommée Notre-Dame de Bonne-Nouvelle à la fin du IXe siècle. Il subit d’importantes réfections aux Xe et XIe siècles. Le site se trouve alors dans l’emprise de « la petite juiverie d’Orléans » attestée au XIIe siècle. Si la synagogue et « le puits de la circoncision » sont bien localisés, de part et d’autre de la parcelle étudiée, l’emplacement des étuves et de deux écoles talmudiques qui seront confisquées lors de l’expulsion de 1182 est inconnu. L’étude en cours de la faune rejetée dans les dépotoirs témoigne de la chute de la consommation du porc à partir du XIe siècle. Ce phénomène trahit un interdit alimentaire lié à la présence de la communauté juive dans ce quartier. On peut alors s’interroger sur l’identification de ce bâtiment. S’agit-il d’une des écoles talmudiques ? Plus largement on s’interrogera sur le parcours qui a conduit à l’installation de la communauté juive d’Orléans sur des terrains appartenant au chapitre de la cathédrale et hérités du domaine public antique.

Le champ des juifs à Ennezat dans le Puy-de-Dôme

ennezat

La présence, à Ennezat (Puy-de-Dôme), d’une communauté juive est connue dès 1263 grâce à l’enquête d’Alphonse de Poitiers et sa dernière mention remonte à 1394, date de l’édit d’expulsion des juifs de France. Ce secteur au toponyme évocateur de « Champ des Juifs » a fait l’objet de trois diagnostics archéologiques en 1992, 2000 et 2003, qui permettent de dégager quelques caractéristiques. La localisation et l’extension du cimetière correspondent à trois parcelles situées hors les murs médiévaux de la ville. Des stèles funéraires hébraïques, dont des fragments sont encore visibles en réemploi dans la ville, sont mentionnées au début du XVIIIe siècle. La géographie du cimetière présente trois ensembles : un groupe de sépultures de faible densité, un groupe au contraire très dense et sans regroupement, et entre les deux, un ensemble de fosses – non funéraires -, dont deux pourraient correspondre à des bâtiments. La topographie du cimetière montre une absence remarquable de recoupement des inhumations bien qu’elles ne soient souvent éloignées que de quelques décimètres, qui semblent renvoyer à des repères de surface. Les inhumations sont orientées est-ouest et creusées dans le substrat. La datation, basée sur une étude limitée de mobilier, correspond aux XIIIe et XIVe siècles.

Cimetière juif médiéval à Châteauroux dans l’Indre

porte saint martin chateauroux

En 1997, une fouille de sauvetage a permis d’intervenir sur une portion du cimetière juif médiéval de Châteauroux. Bien que très limitée en temps et en surface, cette intervention a fourni des informations essentielles sur la gestion de cet espace funéraire et sur une partie de sa population. Elle a été l’occasion de développer une recherche sur les pratiques funéraires par la quête de sites et d’études de référence afi n de savoir si des différences significatives existaient entre les espaces funéraire juifs et chrétiens. Malgré le travail de recherche et d’inventaire de Gérard Nahon en 1980 sur les cimetières juifs, les sources historiques et archéologiques sur le territoire français apparaissent relativement pauvres et ont nécessité de prendre en compte quelques exemples à l’étranger et notamment celui du cimetière juif de York (Angleterre). Cette opération archéologique réalisée dans les années 1990 sur près de 500 individus a en effet livré de très nombreuses données sur la gestion du cimetière et sur les pratiques funéraires et a permis de les confronter aux rares sites français fouillés mais aussi aux sources historiques.

Grandes dates de l’Histoire des Français Juifs

La grande expulsion de 1394

expulsion juifs 1394

Le 17 septembre 1394, le roi Charles VI dit « le fou » met un terme à mille ans de vie juive dans le royaume. Une date qui vaut surtout par le symbole, car les Juifs n’étaient plus alors que quelques centaines en France. En effet, depuis deux siècles, ils n’avaient cessé d’être expulsés puis rappelés par les souverains. Au gré des besoins financiers du Trésor royal qui prélevait au passage taxes, biens ou amendes.

Par la suite d’événements politiques divers, des villes ou des provinces de l’Est où habitaient des Juifs ont été rattachées à  la France : l’évêché de Metz d’abord, en 1556 ; puis l’Alsace en 1648 et la Lorraine en 1766. Les rois de France font pour les Juifs de ces régions une dérogation au décret d’expulsion et les autorisent à  garder leur résidence dans la région annexée.

Dans le Sud-Ouest, des « Marranes », quittant l’Espagne ou le Portugal avec ses menaces d’Inquisition, viennent habiter Bordeaux et sa région et les faubourgs de Bayonne: mais on ne les y tolère que sous la qualité non pas de Juifs, mais de « nouveaux chrétiens ».

Dans le Sud-est, des Juifs habitent dans des régions qui n’appartiendront à  la France qu’à  l’époque de la Révolution : Avignon et le Comtat Venaissin, propriété des Papes, jusqu’en, 1791, et le Comté de Nice, possession de la Maison de Savoie jusqu’en 1792.

Dans chacune de ces régions, les communautés juives offrent des traits démographiques et sociologiques extrêmement différents. Les Juifs sont tolérés en vertu de règlements provisoires, appelés Lettres Patentes.

L’émancipation des Juifs de France du 27 septembre 1791

emancipation

On date des 27-28 septembre 1791 l’Émancipation des Juifs de France. En réalité deux émancipations se sont opérées: une en janvier 1790 pour les Juifs sépharades du Sud-Ouest et Avignonnais et une autre pour les Askénazes (1791); l’une dans une logique d’Ancien Régime reconnaissant les Juifs comme un groupe, l’autre plus moderne, comme individus. Mais une relecture attentive des conditions de l’élaboration du décret, bien connu, de 1791 atténue sa portée jacobine. Napoléon l’accentuera, unifiant dans le principe le statut des uns et des autres.

Assemblée des députés des Israélites de France et du Royaume d’Italie (1806 – 1807)

sanhedrin

Convoquée par décret impérial du 30-05-1806. – Parfois appelée abusivement « Assemblée des notables ». – Jugeant que cette assemblée ne réussissait pas à élaborer correctement les décisions politiques et religieuses nécessaires, notamment concernant les rapports entre les juifs et l’Etat, Napoléon décida de faire revivre une institution juive disparue depuis 70 après J.-C., le Grand sanhédrin, qui comprenait des représentants de l’Etat.

Ces deux instances furent à l’origine de la création du Consistoire central et des consistoires particuliers.

Le décret impérial du 17 mars 1808 dit décret infâme

st jean d'acre

Ce décret destiné « à la réforme sociale des Juifs », abolit  toutes les dettes envers les juifs. Les juifs étrangers ne pourront s’installer sur le territoire français qu’à condition d’acquérir une propriété rurale et de ne pas s’occuper de commerce.

La Grande Guerre (1914 – 1918)

bloch.jpg

Plus de 36 000 juifs de France et d’Algérie sur une population 180 000 ont été mobilisés. Environ 6 800 d’entre eux sont morts pour la France au combat. Parmi ces patriotes, des volontaires ci-dessous rassemblés aux Invalides à Paris.

volontaires juifs invalides

Bilan humain de la première guerre mondiale

9 millions de soldats morts et environ un million de civils.

douaumont memorial

La Seconde Guerre Mondiale (1939 – 1945)

Les Juifs dans la résistance intérieure

L’engagement des Juifs dans la Résistance reflète la diversité de leur vécu identitaire. Les Juifs français sont très tôt nombreux dans les mouvements qui se créent. Leur démarche est individuelle, ils ne revendiquent aucune spécificité, ni dans les objectifs ni dans les formes d’action, et c’est individuellement qu’ils sont pleinement intégrés au point d’occuper souvent un rôle de direction.

Mouvement Franc-Tireur

JEAN PIERRE LEVY

Franc-tireur est né à Lyon en 1941. A l’automne, au prix de difficultés inouïes, paraît le premier numéro de Franc-Tireur. Autour du journal se greffe le mouvement de résistance, du même nom qui va devenir l’un des trois grands de la zone sud. Peu à peu Jean-Pierre Levy devient l’interlocuteur privilégié, celui qui prend les contacts avec les gens venus de Londres, comme Yvon Morandat, ou les dirigeants de Combat, de Libération-Sud. Le mouvement se fait également remarquer par la sortie d’un journal satirique, Le Père Duchesne (4 numéros), dû à Georges Altman et à Elie Péju, et qui connaît un vif succès. Outre la propagande, sous la direction de benjamin Roux, s’organisent des groupes francs chargés de sabotage qui mettent sur pied entre autres une opération simultanée dans plusieurs villes en novembre 1942, avant que ne soit visée l’usine France-Rayonne de Roanne. (En photo: Jean-Pierre Levy).

Le réseau du musée de l’homme

lewitzky

Dès juin 1940, au sein du Musée de l’Homme, l’ethnologue Boris Vildé et le chef du département de technologie Anatole Lewitzky (en photo ci-dessus) créent le premier noyau de résistance en zone nord. Le réseau s’étend en province avec Georges Zerapha à Marseille, Georges Friedman en zone sud. L’action est tout azimut : recrutement, propagande, renseignement, évasions. Se préoccupant d’abord d’aider les prisonniers évadés et de leur faciliter le passage en zone libre, ce réseau s’efforce également de trouver le contact avec la France libre et les services secrets britanniques.

S.O.E. (Special Operation Excutive)

rabinovitch

A l’initiative de Winston Churchill, les services secrets britanniques créent le S.O.E. (Special Operation Executive) avec un ensemble de réseaux de renseignements et d’actions. Les agents du S.O.E. doivent organiser, entraîner et approvisionner de petits groupes de ressortissants français agissant sur place. La section F, composée de Français, était dirigée par le colonel Maurice Buckmaster. (En photo : Adolphe Rabinowitch, membre du SOE)

Libération

aubrac

Libération-Nord est une des grandes organisations de résistance de zone nord, créée par Christian Pineau à la fin de 1941. Début 1943, le mouvement commence à organiser des groupes armés sous l’impulsion de Jean Cavaillès et sous la direction du colonel Zarapoff. Représenté au Conseil national de la Résistance mais soucieux de conserver son identité, le mouvement refuse sa participation aux Mouvements unis de Résistance, en décembre 1943, et, suivant les mots d’ordre socialistes, investit les Comités départementaux de Libération.

A l’automne 1940 à Clermont- Ferrand, où est repliée l’université de Strasbourg, un noyau de résistance (Libération-Sud) naît de la rencontre fortuite d’individualités brûlant du désir de « faire quelque chose. » Envisagée dès la fin de 1941, discutée sous la férule de Jean Moulin en 1942, amorcée par la création en novembre d’un comité de coordination, la fusion intervient finalement en janvier 1943 quand Combat (né de la fusion entre Libération nationale et Liberté), Franc-Tireur et Libération-Sud forment les Mouvements unis de Résistance. Seuls les acteurs de la propagande-diffusion échappent à cette fusion. (En photo : Raymond Samuel Aubrac).

La S.F.I.O. clandestine

blum

En 1941, deux organisations clandestines sont créées en zones nord et sud par des cadres de la SFIO opposés à l’effacement volontaire devant Pétain ou au ralliement à la collaboration pratiquée par la majorité des dirigeants de leur parti après l’armistice. Le Comité d’action socialiste (CAS) de zone nord, né à Paris au début de l’année 1941, a pour cheville ouvrière Henri Ribière, ancien collaborateur de Marx Dormoy ; en mars, c’est Daniel Mayer, journaliste au Populaire avant guerre, qui est l’initiateur du CAS de zone sud. (En photo : Léon Blum)

Combat

nous voulons

Né de la fusion, décidée en novembre 1941, des groupes Liberté et Libération nationale, le Mouvement de Libération française est rapidement connu sous le nom de Combat, titre de la feuille clandestine dont le premier des 59 numéros imprimés dans la clandestinité paraît en décembre. Egalement implanté en zone nord (avec Robert Guédon et Pierre de Froment) où il donne naissance à Ceux de la Résistance (dirigé par Jacques Lecompte-Boinet), il est le plus efficace des mouvements de la résistance non communiste de zone sud, devançant Franc-Tireur et Libération-Sud. Le chef historique de Combat quitte la France en juin pour Londres, puis Alger où il est nommé commissaire aux Prisonniers, Déportés et Réfugiés du CFLN en novembre. A cette date, Combat, le plus puissant des mouvements, s’est fondu dans la Résistance intérieure unifiée, même si ses cadres, à commencer par Claude Bourdet, continuent à y jouer un rôle important.

FTP – M.O.I.

ftp moi

En mars 1942, le Parti communiste décide d’intensifier la lutte armée et créée les F.T.P. Au sein de la M.O.I., quatre détachements, composés majoritairement de Juifs, Anciens des brigades internationales, aguerris à la lutte armée, ces militants, mènent une guerre offensive contre l’occupant. Cet activisme entraîne une vive répression. Fin avril 1943, une conférence nationale des dirigeants juifs se tient à Paris et décide de réunir toutes les Organisations juives au sein de l’U.J.R.E. (Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide). L’U.J.R.E. se rapproche des Organisations juives immigrés non communistes et la création du C.G.D. (Comité général de Défense) scelle cette unité.

Bilan humain de la seconde guerre mondiale

Entre 40 et 50 millions de morts dont 6 millions de Juifs.

En 1940, 300 à 330 000 Juifs vivent en France métropolitaine et 370 000 en Afrique du Nord. Parmi les premiers, 200 000 sont de nationalité française et 130 000 de nationalité étrangère. Près de la moitié vivent à Paris et dans les villes limitrophes. Sur les 80 000 victimes de la Shoah en France, 55 000 sont des Juifs étrangers et 25 000 des Juifs de nationalité française.

76 000, dont environ 11 400 enfants (2 000 de moins de 6 ans), ont été déportés, dont 69 000 à Auschwitz. Seuls 2 500 ont survécu.
3 000 sont morts dans les camps d’internement français.
1 000 sont exécutés ou abattus sommairement en France.