Entre Israël et Palestine, le Front national balance

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Les violences au Proche-Orient ont réactivé des divisions à l’extrême droite.

Soutenir Israël contre les Palestiniens, ou défendre ces derniers contre l’État hébreu ? Cruel ­dilemme… Les violences survenues en début de semaine dernière à la frontière entre Israël et la bande de Gaza (60 morts et 2.500 blessés) ont réveillé un vieux clivage au Front national. « Clairement, les deux sensibilités cohabitent au sein du parti, entre pro-Israéliens et pro-Palestiniens. Il reste des antisionistes au parti », analyse un cadre du ­Rassemblement bleu Marine.

Marine Le Pen, elle, a défendu Israël. « Si chacun peut regretter le nombre important de morts palestiniens, on ne peut que constater qu’il y a là un message de la part d’Israël, un message que certains trouveront inutilement excessif, peut-être inutilement brutal, mais qui est un message clair : ils ne transigeront pas sur la sécurité de leurs frontières », a-t-elle déclaré mardi, sur LCP. Mais malgré cette position tranchée, des voix contraires se sont fait entendre au FN. Ainsi celle de David Rachline.

Marine Le Pen, « point d’équilibre » du parti

S’il rejoint Marine Le Pen lorsqu’elle fustige le déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem, le sénateur et maire de Fréjus sait aussi s’opposer à sa présidente. « Protéger sa frontière, ce n’est pas tuer plusieurs dizaines de personnes », lance-t-il avant de saluer la coexistence, au sein du FN, de plusieurs courants de pensée. « Effectivement, je ne partage pas la vision de Gilbert Collard sur cette question israélo-palestinienne. Le rôle de Marine [Le Pen], c’est d’être le point d’équilibre. »

Rachline n’est pas un cas isolé. Axel Loustau et Frédéric Chatillon, deux anciens du GUD très proches de la présidente du FN, ont rejeté sa ligne. « Qui peut raisonnablement parler de réponse proportionnée à une soi-disant violation de frontière? C’est un massacre auquel le monde entier assiste, impassible! », a tweeté le premier. Le second a ouvertement invectivé Jean Messiha, nouveau délégué national du FN pour les études et les argumentaires. « Le Hamas sacrifie ses femmes et ses enfants sur l’autel terroriste de son cynisme criminel », avait écrit mardi Messiha. « Un tweet digne du Crif [Conseil représentatif des institutions juives de France] », a répliqué Chatillon.

« L’antisémitisme historique du FN a été remplacé par l’antisionisme », estime Michel Thooris, ex-membre du comité central du FN et président de l’Union des patriotes français juifs. « Des gens comme David Rachline, qui a longtemps été proche d’Alain Soral, ou Frédéric Chatillon, qui est un pro-Bachar El-Assad, influencent considérablement Marine Le Pen », poursuit un ex-conseiller de la présidente frontiste. Preuve que, si le parti veut se tourner vers le futur, son passé le rattrape inévitablement.

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