Attentat à l’aéroport Atatürk : le torchon brûle entre Erdogan et Daesh

ataturk airport 28 juin

Dimanche dernier, Israël et la Turquie se sont réconciliés après six années de brouille diplomatique. Un choix de raison au nom d’intérêts partagés diront certains observateurs.

La Turquie veut, comme Israël, limiter les ambitions de l’Iran chiite au Moyen-orient. Les deux Etats désirent également conserver de bonnes relations économiques, la Turquie étant la première destination touristique des Israéliens. De plus, une coopération entre les deux pays pour l’exploitation de ressources énergétiques pourrait s’avérer nécessaire dans un proche avenir. Enfin, la Turquie rejoint désormais Israël sur la nécessité de lutter contre l’EI.

Les négociations de réconciliation entre les deux pays prévoient l’envoi par la Turquie d’aide humanitaire à destination de Gaza via le port d’Ashdod en Israël (transit imposé pour des raisons de sécurité). Un premier chargement de 10 000 tonnes quittera la Turquie ce vendredi. Une centrale électrique, une usine de dessalement et un hôpital seront également construits prochainement à Gaza.

En outre, Israël versera la somme de 20 millions de dollars (18 millions d’euros) aux familles des personnes tuées ainsi qu’aux blessés dans l’assaut du Marmara en mai 2010, ce navire turc qui avait tenté de briser le blocus imposé par Israël au Hamas.

Cette compensation financière intervient alors que les corps de deux soldats israéliens tués par le Hamas n’ont pas toujours pas été restitués à leurs familles par le mouvement terroriste et que deux civils israéliens sont toujours retenus à Gaza.

Il paraît utile de préciser que des bateaux d’aide humanitaire à destination de Gaza jettent déjà régulièrement l’ancre à Ashdod en Israël et qu’il suffit de se poster au point de passage de Kerem Shalom pour observer le transit quotidien des marchandises depuis Israël vers Gaza. Le blocus ne vise que des matériaux susceptibles d’être transformés et utilisés comme armes contre Israël par le Hamas.

kerem shalom terminal

De son côté, le président Erdogan s’est engagé à empêcher le Hamas de mener des activités contre Israël. Il a également promis d’oeuvrer en faveur de la restitution des corps des deux soldats et de la libération des deux civils retenus à Gaza.

Hier, vers 21h, une triple attaque terroriste commise à l’aéroport international Atatürk d’Istanbul imputée à Daesh, a causé la mort d’au moins 36 personnes et fait plus d’une centaine de blessés.

ataturk airport

Faut-il voir un lien de causalité entre cet attentat et la réconciliation entre la Turquie et Israël ?

Probablement, mais les causes de cet attentat sont bien plus complexes.

L’accord de réconciliation entre la Turquie et Israël est contesté par la majeure partie de l’opinion publique israélienne tandis que Mahmoud Abbas et Khaled Mesha’al ont émis un avis favorable à cet accord auprès du président Erdogan bien qu’en coulisse le Hamas et le Djihad islamique le rejettent catégoriquement.

Monsieur Erdogan est très proche des courants salafistes. Il a été un fervent partisan des Frères Musulmans en Egypte. Avant de se rallier à l’été 2015 à la coalition internationale « anti-Daesh », la Turquie avait largement soutenu l’Etat islamique en facilitant notamment le transit et l’hébergement sur son sol des combattants djihadistes de l’EI.

coalition daesh 2015

Suite à cette trahison de M. Erdogan vis-à-vis de ses amis d’hier, la vengeance est probablement la motivation première de l’EI à frapper aujourd’hui la Turquie.

Le terrorisme, sous toutes ses formes, doit être dénoncé et combattu avec force. Même si M. Erdogan porte une part incontestable de responsabilité dans cet attentat en ayant joué avec le feu, ce sont des innocents qui en payent aujourd’hui de leur vie le prix fort.

Pour la communauté internationale, il semble malheureusement que toutes les vies ne se valent pas. Il est déplorable de constater que c’est la nature des victimes qui conditionne la mobilisation et l’indignation. Ainsi, on a assisté à une mobilisation « mondiale » pour saluer la mémoire des dessinateurs de Charlie Hebdo alors que les attentats d’Istanbul, de Tel Aviv ou d’Orlando sont relayés à de simples faits divers qui ne mobilisent pas grand monde. En matière de terrorisme, toutes les cibles et tous les morts ne se valent pas.

La situation sécuritaire mondiale témoigne de l’échec des diplomaties américaines et européennes à pacifier la planète. Pire, les grandes organisations internationales portent une responsabilité majeure dans la situation actuelle, l’ONU et l’Union européenne en tête.

abbas ban

A l’instar de la Société des Nations et de l’URSS, ces organisations de profiteurs totalement discréditées finiront par disparaître. Mais combien de personnes entraîneront-elles avec elles dans leur chute ?

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