« Didier Deschamps a cédé à la pression d’une partie raciste de la France » croit savoir Karim Benzema affirmant qu’« en France un parti extrémiste est arrivé en seconde position lors des deux dernières élections ».

Ainsi, ce serait à cause du Front National et de ses électeurs que Karim Benzema est privé d’Euro de football 2016, vraiment ?

Même son de cloche du côté de Jamel Debouze qui pense que « Karim Benzema, et par extension Hatem Ben Arfa, payent la situation sociale de la France aujourd’hui ».

Eric Cantona va plus loin encore : « Benzema est un grand joueur, Ben Arfa est un grand joueur. Mais Deschamps, il a un nom très français. Peut-être qu’il est le seul en France à avoir un nom vraiment français. Personne dans sa famille n’est mélangé avec quelqu’un, vous savez. Comme les Mormons en Amérique. Je ne suis pas surpris qu’il ait utilisé la situation de Benzema pour ne pas le prendre. Surtout après que Valls ait dit qu’il ne devrait pas jouer pour la France. Et pour sûr, Benzema et Ben Arfa ont des origines nord-africaines. Donc le débat est ouvert ».

Mourad Boudjellal, président du club de rugby toulonnais RCT, a livré une analyse pertinente des déclarations de Benzema :  « Je crois qu’il n’a pas mesuré la dangerosité de ses propos parce que, s’il souhaite devenir un fonds de commerce des recruteurs de Daesh, il ne fallait pas s’y prendre autrement. Sur des jeunes des cités qui sont en manque d’idéal, ça devient un excellent exemple pour certains recruteurs, de leur dire regarde, même si tu deviens le meilleur dans ton sport, comme au football, regarde Benzema, tu es rejeté. C’est vraiment un appel à dire révoltez-vous contre ce pays. »

L’instrumentalisation du sport à des fins politico-religieuses prend ces dernières années une ampleur inquiétante.

En mars dernier, le porte-parole de la fédération égyptienne de football, Azmi Mogahed, ainsi que le député égyptien Saïd Hasasein, s’en sont violemment pris à Lionel Messi, l’actuel meilleur footballeur mondial.

Son crime ? Avoir offert ses chaussures pour une vente aux enchères et faire don de la recette à une oeuvre de charité mais surtout.. être Juif.

« Sa religion à lui ? Il est juif ! Je sais qu’il est juif, il fait des dons à Israël et s’est rendu au mur des Lamentations. On n’a pas besoin de ses chaussures, et les pauvres en Egypte n’ont pas besoin d’aide venant de quelqu’un qui est juif ou a la nationalité sioniste » ont éructé le porte-parole et le député égyptiens.

Quelle a été la réaction de la FIFA, dont la plupart des dirigeants sont visés par des enquêtes pour corruption ou déjà sous les verrous ? Aucune. Silence radio alors que la FIFA finance la fédération égyptienne de football.

En bénéficiant d’un fort impact sur l’opinion publique grâce à sa couverture médiatique planétaire, le football est la cible de toutes les récupérations, y compris de la part d’Etats qui investissent massivement dans le ballon rond.

L’affaire Benzema est symptomatique de cette nouvelle tendance où tous les coups sont permis pour faire entendre sa petite musique en utilisant la médiatisation qu’offre le sport le plus populaire au monde.

Benzema aurait-il dû sportivement être sélectionné pour l’Euro 2016 ? C’est la vraie question qui se pose. Et la réponse est sans appel. C’est non ! Avec l’équipe de France, Benzema a toujours été nullissime.

Lors de la finale de la Ligue des Champions la semaine passée avec son club, le Real Madrid, Benzema a également été transparent. Zinédine Zidane, son entraîneur, a été obligé de le sortir en cours de match. Zidane était-il lui aussi sous pression d’une partie raciste de la France xénophobe et coloniale lorsqu’il a décidé de remplacer Benzema ?

Karim Benzema en équipe de France c’est 460 minutes sans but entre le 2 septembre 2011 et le 5 juin 2012, 1222 minutes sans but entre le 5 juin 2012 et le 11 octobre 2013 et un joueur transparent le reste du temps.

Et Hatem Ben Arfa ? A la lumière de ses prestations avec l’OGC Nice cette saison, il aurait incontestablement mérité d’être sélectionné en équipe de France. Mais le choix de Didier Deschamps de ne pas le retenir parmi les 23 n’est pas plus aberrant que la non-sélection de Kevin Gameiro, absolument fantastique avec le FC Seville cette saison encore.

En préférant sélectionner le Mancunien Antony Martial qui est noir et qui n’a jamais rien démontré en attaque, Didier Deschamps a-t-il fait du racisme anti-blanc par rapport à Gameiro ou du racisme anti-magrébin par rapport à Ben Arfa ? Le débat est ouvert comme dirait Eric Cantona..

Débattre des choix du sélectionneur, les commenter et les critiquer fait partie de la beauté du sport dès lors que ces échanges portent sur les aspects techniques, tactiques, physiques ou collectifs du football. En revanche, utiliser le sport comme tribune politico-religieuse est inacceptable.

Cette situation a été rendue possible par les instances dirigeantes nationales et internationales du football (FIFA, UEFA, FFF, LFP..). Elles ont privilégié le business à l’éthique. De Bernard Tapie à Michel Platini en passant par Sepp Blatter ou Frédéric Thiriez, les instances dirigeantes du football sont exsangues.

En l’espèce, le comportement de certains joueurs est à l’image de leurs dirigeants. Joseph Blatter, Jérôme Valcke et Markus Kattner se sont ainsi partagés 80 millions de dollars « dans un effort coordonné d’enrichissement personnel » à travers contrats et compensations au cours des 5 dernières années a indiqué la Fifa elle-même.

Il faut mettre fin à ce que beaucoup d’observateurs qualifient de système mafieux et imposer la démocratie directe dans le système électoral des instances dirigeantes du football en élargissant le corps électoral.

C’est aux licenciés qui cotisent et au public qui se rend dans les stades de football qu’il appartient d’élire ses représentants nationaux. Ensuite, charge à ces élus de désigner parmi eux au scrutin démocratique, les dirigeants des instances internationales (UEFA, CONCACAF, FIFA..).

Par ailleurs, l’utilisation de l’argent généré par ce sport doit être strictement contrôlée par des juges indépendants de manière collégiale. C’est à ce prix qu’on pourra sauver ce qui peut encore l’être.

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