Lors d’un discours prononcé à Istanbul et retransmis à la télévision, le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé les mères à accroître les naissances. «Je le dis clairement. Nous allons accroître notre descendance. Dans ce cadre, le premier devoir appartient aux mères. On nous parle de contraception, de planning familial. Aucune famille musulmane ne peut avoir une telle mentalité».
Sa vision de la femme ? «Je sais qu’il y en aura encore qui en seront gênés, mais pour moi la femme est avant tout une mère.» se persuade-t-il.
Le président turc a cru bon de tancer la France sur les prétendues violences policières survenues lors des manifestations contre la loi travail, lui qui refuse de reconnaître le processus d’extermination de la minorité arménienne de confession chrétienne de l’Empire ottoman qui, d’avril 1915 à juillet 1916, a coûté la vie à plus d’un million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants, auxquels il faut ajouter 250 000 chrétiens d’Orient, Assyro-Chaldéens et Syriaques notamment.
La Turquie, quant à elle, attribue ces pertes humaines à une famine bien que nombre d’historiens et plus de vingt pays, dont la France, l’Italie et la Russie, ont reconnu ce génocide.
Monsieur Erdogan s’inquiète du sort réservé aux manifestants français contre la loi El Khomri pendant qu’il massacre en toute impunité les Kurdes dans le silence assourdissant de la communauté internationale.
Lorsqu’il n’abat pas un Soukhoï russe, le truculent monsieur Erdogan n’exige pas moins que l’exemption de visa Schengen pour les 79 millions de Turcs qui seront peut-être demain, aussi nombreux que les Européens eux-mêmes.
La lente dérive islamiste de la Turquie sous l’impulsion de son président, pays ayant pourtant une forte tradition laïque depuis un siècle et Mustafa Kemal, devrait particulièrement inquiéter la communauté internationale et l’Union Européenne car la Turquie n’est pas n’importe quel pays.
Sa position géostratégique entre l’Europe et le Moyen-Orient et son importance démographique en font un acteur majeur sur la scène mondiale.
Cette situation n’est pas sans rappeler celle de l’Iran en 1979, pays laïc sous le règne du Shah, ayant plongé dans l’obscurantisme sous Khomeini et sa révolution islamique.
La faute à qui ? Au président américain Jimmy Carter et à la communauté internationale qui se sont couchés devant Khomeini lui permettant ainsi de renverser le Shah depuis Neauphle Le Château dans les Yvelines grâce notamment à l’hospitalité française.
Depuis trente sept ans, la révolution islamique a profondément modifié les équilibres mondiaux, politiques et religieux, et joué un rôle direct dans une multitude de conflits armés particulièrement meurtriers.
Quatre décennie plus tard, la Turquie sunnite pourrait bien imiter son voisin chiite en remplaçant la laïcité par la Charia et aggraver ainsi un peu plus la situation sécuritaire mondiale.
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